Avant
de s'attaquer à cette première œuvre ambitieuse (voir article précédent)
que certains de par le monde qualifiaient déjà de masterpiece mais sans
réellement prendre conscience que deux nouveaux créateurs de décors venaient
d'entrer sur la scène internationale et allaient frapper encore plus fort dans
les mois à venir, je m'étais fait la main sur une petite œuvre personnelle pour
mettre en valeur deux gashapon* d’Akira, du génial Katsuhiro
Ōtomo, manga
ayant marqué mon adolescence bretonne au même titre que Dragon Ball (qui fera
l'objet d'une publication future).
Je
passais en effet souvent après les cours avec mes amis chez le petit libraire
en face de l'école, me faufilant entre les rayonnages étroits pour aller
feuilleter les nouveautés au fond de l’échoppe encombrée, et rêvant devant
cette édition luxueuse reliée en 14 volumes de la version française en grand
format et en couleur qui telle le Saint Graal brillait sous les rayons timides
de la fin de journée dans lesquels dansaient des petites particules de
poussières (et pour les fans, sachez qu'il existe avant cette édition une autre
sous forme de fascicules, aujourd'hui collector). Pour des questions de pure
nostalgie, je suis resté fidèle à cette version malgré la réédition
« japonaise » (format et traduction plus fidèle et sens de lecture
original) quand des années plus tard, devenu un brillant vendeur de fruits et
légumes jouissant d'une carrière prometteuse dans le monde du biologique (si
vous avez raté ça, c'est ici), j'ai pu enfin les acquérir.
Ces
gashapon (comme toutes les figurines que vous verrez dans ces pages) je
les avais gagnés à la sueur de mon front en travaillant pour feu Toystar, pour
lequel nous avons par la suite fait quelques vitrines (notre première étant
visible dans l'article précédent). En effet, pour les dépanner nous leur prêtions
main forte de temps en temps et pour nous remercier ils nous gratifiaient d'un
petit pécule que nous pouvions dépenser dans la boutique. Et c'est plein de
fierté et avec une joie immense que je regardais de l'autre coté du miroir ce
petit gars de 8 ans que j'avais été et qui bavait d'envie devant la vitrine
bien achalandée de son magasin de jouets préféré en rêvant d’être un jour payé
en figurines et jouets de toutes sortes ! (nous étions à la fin des années
80 et il existait encore quelques magasins indépendants, avant que le marché ne
soit récupéré par les hyper en pleine explosion démographique et quelques
enseignes spécialisées – oui, fidèle à sa ligne de conduite basée sur la
promotion des petits artisans Itoko Création continue de dénoncer les dérives
capitalistes). Alors certes ce n'était plus les GI-Joe et les Mask de mon
enfance et autres Cops ou Maîtres de l'Univers, mais c'était des jouets quand
même, et je pouvais donc en être fier ! (images trouvées sur backintoys)
Ainsi
donc, possédant ces gashap tout droit sortis de mon enfance et de mon
adolescence, et mon cher Kouz s’étant initié à l'art de la création de décors,
je me lançais à mon tour dans l'aventure sous ses conseils avisés, et décidais
de leur créer un écrin de polystyrène extrudé.
Jouissant
de nombreuses années de brillantes études architecturales, c'est tout
naturellement que je décidais de créer des bâtiments. L’atmosphère générale du
manga tendant légèrement du coté apocalyptique de l'ambiance citadine, je
décidais donc de faire de ces façades des reliques d'autrefois, d'une époque où
les gens avaient encore un domicile (avant que les banques ne les récupèrent
pour cause d’intérêts exorbitant impayés) et où les magasins de jouets
existaient ! Rideaux de fer baissés, fenêtres barrées de planches de bois,
carreaux cassés, gouttières rouillées et murs en partie effondrés, je sortais
tout l'attirail issu du guide du parfait petit architecte en apocalypse pour
les nuls (ça marche aussi si vous êtes américain et que vous traversez Détroit
en fait).
Apres
avoir élaboré quelques plans des deux façades, c’est à grands coups minutieux
de cutter (oui, je suis minutieux même à grands coups de cutter) je façonnais
donc tel l’orfèvre mon diamant brut, pour en faire un bijou digne de recevoir
ces petits figurines si précieuses à mes yeux. L’idée était d’en faire des
sortes de serre-livres pour encadrer ma collection en bande dessinée. Je
glanais ici et là quelques objets pour venir enrichir la façade. Paille des
petites briques de jus de fruit pour la gouttière, filets de cagettes de fruits
pour le grillage, le tout solidifier et mis en valeur avec de la peinture
métallique et cuivre, pour les effets de rouille.
Et
c’est avec beaucoup d’émotion et un grand bonheur que je posais pour la première
fois mes figurines dessus. Ce décor continue d’orner mes étagères, même si,
première œuvre oblige, il s’avère un peu brouillon et bâclé par endroits (je
suis peut être minutieux mais pas forcément patient...)
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