Ma
première rencontre avec Mario date de 1989. C’était un samedi ensoleillé (comme
tous les samedis en Bretagne) et c’était l’anniversaire d’un camarade de
classe. La scène est encore gravée précisément dans ma mémoire. Nous sommes
dans le salon. Il est 16h41 et, tandis que je reste seul à table pour finir de
gouter (j’ai toujours eu un faible pour le gouter) mes camarades s’agglutinent
devant la télévision pour que notre hôte leur montre son cadeau, objet de
toutes les convoitises : la console Nintendo. En même temps que mes yeux
émerveillés, un rayon de soleil se pose sur la télé, conférant à l’instant une atmosphère
emprunte d’une grande plénitude. Le morceau de tarte aux fraises qui se tenait en
équilibre au bout de ma fourchette resta en suspens, et une larme coula le long
de ma joue (la droite).
Puis la
vie reprit ses droits et les bagarres et cris pour prendre en main la sainte
manette vinrent mettre fin à cet instant magique hors du temps. Cependant j’étais
piégé. Comme pour des millions d’enfants, Nintendo venait de rentrer dans ma
vie, de mettre un pied dans la porte vidéo-ludique entrouverte par l’Amstrad familial,
porte qui jamais ne se refermerait. J’étais devenu un fan de jeux vidéo et ma
vie était à jamais liée à ces petits pixels sautillants qui prenaient vie devant moi.
Le morceau
de tarte finit sa vie sur cette fourchette que je tenais alors, de retour dans
l’assiette. Tel un aimant je me voyais inextricablement happé par l’écran de
télé. J’étais le moins et Nintendo devenait le plus. Ce fut le coup de foudre.
Mario et son pote Méga Man me faisaient de l’œil et mes yeux embués par l’émotion
se perdaient en contemplation sur les boites des jeux tandis que les
superlatifs bondissaient dans ma tête comme les feux d’artifices dans le ciel
du 14 juillet. Nous étions jeunes, nous étions fous. Ce fut une orgie.
Inutile de
préciser que du coup le camarade de classe en question devint mon meilleur ami
et que j’essayais pendant cette période qui dura deux ans, d’aller chez lui le
plus souvent possible (ho non je ne suis pas fier). Ces deux personnages de Nintendo font encore
partie de mes meilleurs souvenirs de jeux vidéo, avec Zelda et, plus tard,
Street Fighter et Tétris (mais il est beaucoup plus difficile de se prendre d’affection
pour un bâton en forme d’escalier). Mais bon, ne digressons pas, ce n’est pas
le genre de la maison…
Ainsi donc
tel Marty McFly, retournons maintenant dans le futur, mais toujours dans le
passé (vous suivez ?) et découvrons ce décors commandé par feu Toystar,
magasin de produits dérivés où nous avions nos habitudes, avec mon cousin (voir
les épisodes précédents). Il s’agissait
de créer un décor pour la vitrine, afin de mettre en scènes une nouvelle série de
figurines issues de l’univers de Mario et Mario Kart.
Apres une première
étape de dessins, le découpage et l’assemblage des morceaux de polystyrène
extrudé, pour voir à quoi ressemblera le décor finit. Les collines dans le fond
sont en papier cartonné.
Du papier vert lisse est utilisé pour rendre la même texture que dans le jeu.
Du sable
mélangé à de la colle est appliqué sur les parois des monticules, toujours pour
essayer de s’approcher du rendu des textures du jeu.
Des tuyaux
en papier toilettes du plus bel effet (Mario étant plombier, quoi de plus
normal ?)
Phase de
peinture. On essaye bien sur de coller aux couleurs du jeu. Cependant Il s'agit surtout de rendre compte de l’atmosphère générale plus que de rechercher les "vraies" couleurs.
Un petit
brossage à la peinture blanche (avec un pinceau sec) sur les aspérités des parois pour les faire ressortir et donner une texture différente de celle,
lisse, du sol.
Et voilà
le résultat final. Les cubes sont décollés de l’arrière-plan pour donner le
même effet que dans le jeu (ils sont reliés par des petits tubes en carton). Comme
toujours le décor répond à une exigence relativement contraignante pour tous
les décors : rentrer dans les vitrines ! D’où l’obligation de le
faire en deux parties.
Voilà, ce
n’est pas le plus beau des décors (il y avait une contrainte de temps à l’époque,
et nous avons été obligés de le faire un peu vite) mais c’était très sympa de
changer à nouveau d’univers après St Seiya et Akira, et un vrai plaisir que de
se plonger dans l’univers Nintendo.
… c’est
étrange j’ai comme une envie de tarte aux fraises…
Niko.